L'ego...
L'égo existe par le fait que l'esprit s'incarne dans la matière. Pour les amoureux du Samkhya c'est la rencontre de Buddhi l'intelligence supérieure non personnifiée, avec Ahamkâra le sens de l'égo.
Il sera là jusqu'a notre dernier souffle et ne meurt en aucune manière dans notre vie. Il est ce nous pourrions appeler "BIBI" c'est la réunion de toutes les qualités du corps, de nos énergies et de notre esprit qui forme : "un personnage".
Il ne changera quasiment pas dans la vie, un être timide, ou extraverti restera ce qu'il est jusqu'a son dernier souffle, comme une personne raide ne deviendra jamais souple, même après dix heures de Yoga par jour.
La confusion sur cette idée que l'égo doit mourir nait du fait qu'on peut le dépasser et c'est ce que nous tentons de faire dans une pratique de Yoga ou de méditation.
La pratique va accroitre les énergies et calmer le mental qui va se taire pendant un moment, plus ou moins long.
Le mental c'est la mémoire, l'histoire, la chronologie, le personnage qui se pense, c'est le corps-pensée car la pensée est liée au corps et non à l'esprit ou à la conscience.
La pratique va alors nous permettre d'entrer dans notre conscience, de la faire venir au premier plan sans plus aucune référence au personnage, sans plus aucune pensée, ni histoire, ni chronologie.
La clé de l'apparition de la conscience passe par le fait de percevoir de plus en plus finement ce qui nous entoure en tentant à chaque instant d'être conscient de l'instant présent et de venir s'y assoir dedans sans jamais plus laisser le mental intercéder et découvrir finalement que la conscience est un grand vide qui cherche frénétiquement à se remplir de ce qu'elle peut prendre dans sa propre création. Dans cette quête, avec l'ajonction du corps-pensée, de l'espace et du temps le sentiment d'existence apparait dans la séparation illusoire entre monde intérieur et extérieur.
Ce sentiment d'existence, qui est le sentiment le plus profond, doit être orienté vers quelque de chose de plus grand que l'idée du personnage car sinon tout ce qui est fait dans le Yoga ou la méditation va ne faire que nourrir et grossir le personnage, l'égo.
L'égo risque alors d'enfler démesurément en tirant tout à lui, parfois même avec les énergies de leurs élèves, poussant le personnage vers le syndrome de "appeler moi maitre" avec cette caractéristique toute simple à identifier du "j'ai toujours raison et dans le cas où j'ai tors j'ai quand même raison". L'individu alors galvanisé par sa pratique, ses énergies et ses connaissances devient un séducteur sans réserve qui va aussi générer de grandes souffrance affectives autour de lui avec souvent la sublime excuse du tantrisme. Bien souvent ces "monstres" sont de beaux parleurs et de grands manipulateurs qui savent mieux que tout le monde toujours retomber sur leur pieds. Mais une fois vu ce manège on ne peut que rire de cette situation tragicomique quand ce comportement apparait chez eux.
Alors l'accroissement des énergies, la force, la connaissance des écritures, le courage, l'habileté, l'endurance, la persévérance, toutes ces sublimes qualités ne doivent plus être rapportées au personnage mais à quelque chose qui nous dépasse, qui nous transcende et tout cela nous rendra humble.
En relisant la Yoga Tattva Upanishad il y a une petite phrase qui dit cela :
36. Tenant son corps bien droit, l'adepte honorera d'abord, les mains jointes, la divinité de son choix, puis, avec le pouce de sa main droite, il se bouchera la narine droite qui est l'orifice du canal Piñgalã, et insufflera doucement de l'air par la narine gauche, orifice de l'Idã...
Cette petite phrase semble bien insignifiante, mais comme toujours dans les textes indiens, c'est ce qui est caché ou simple qui a une importance capitale, car cette idée de joindre les mains et d'honorer la divinité de son choix est ce qui va teinter toute la pratique et laisser le pratiquant dans une réelle attitude de dévotion et de ferveur.
Toute la pratique qui suit cette phrase va prendre un axe différent en fonction de ce qui est fait et au nom de qui ou de quoi?
La question fondamentale à se poser quand on est dans une action, quelle qu'elle soit est :
Quand vous faites une posture de Yoga, vous la faite pour qui, ou pour quoi ?
- Avoir un beau corps, souple et mince ?
- Se faire du bien dans la tête ?
- Se faire plaisir ?
- Ou pour offrir tout ça ?
Là nous devons honnêtement nous poser la bonne question et voir la réalité en nous.
Essayez simplement un jour de faire une séance de Yoga en l'offrant à la paix dans le monde, à l'amour, ou pour que l'ignorance disparaisse du monde ou pour Dieu si vous croyez en un Dieu et vous verrez comment on devient humble d'un coup, comment notre égo ne peut plus exister, et comment cette simple, mais si fondamentale attitude, dissout notre égo et nous ouvre à bien plus grand et plus beau !
Le sentiment d'existence sera alors orienté vers cet indicible et le personnage deviendra "flou" au point de disparaitre dans la lumière de la conscience ineffable. Car cette lumière est au fond de nous, mais cachée par notre personnage, par notre attachement et notre identification à cet agglomérat de matière, énergies et conscience. Alors ce n'est pas se tourner vers un Dieu extérieur à nous que nous devons honorer et qui deviendrait de ce fait un nouvel objet, mais cette immensité omniprésente que nous sommes. Car la partie de nous qui se pense dans le personnage n'est pas cette immensité immaculée qui est notre nature profonde, la subtilité est de taille !
De véritables qualités apparaitront dans l'être qui verra petit à petit ses pensées se transformer et la lumière de la conscience viendra éclairer le mental qui n'aura plus besoin de s'infliger des codes moraux et éthiques extérieurs et empruntés, ceux-ci naitront dans l'être et deviendront de véritables vertus.
On en parle ici sur mon forum...
Vos commentaires | ||
Date | Auteur | Texte |
11-04-2011 | Odile | Superbe texte que je relis régulièrement... Encore plus fourbe et sournois est l'ego spirituel, car moins détectable... C'est vrai, combattre l'ego est illusoire, c'est comme si on cherchait à terrasser son ombre... L'accepter, pour ensuite travailler avec lui et enfin le dépasser par la réalisation de sa vraie nature grâce à la méditation, par exemple, est le seul moyen à mon sens... |
11-04-2011 | Denis | Oui, beaucoup développent le pire des ego : "l'ego divin", en pensant que c'est eux qui vont devenir Dieu lui-même... Alors ils deviennent des "espèces de monstres" qui n'hésitent pas à utiliser la manipulation et souvent une grande intelligence pour arriver à leur petites fins très égotiques... |
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Haimavati